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CHAPITRE DOUZIÈME

terrain pour des ministères à venir, ni être adoré des mazziniens, je vais droit mon chemin sans autre préoccupation que le bien public et mon devoir. »

Massimo d’Azeglio était la loyauté même. J’avais avec lui les relations de l’intimité la plus étroite, le voyant deux fois par jour au moins, — le matin dans sa petite chambre du ministère où venait le voir aussi son vieil ami Miani avec qui j’assistais au pansement de sa blessure à la jambe qui n’était pas encore cicatrisée et qui le faisait cruellement souffrir, — le soir à l’hôtel Trombetta où nous dînions ensemble. Il n’avait rien de caché pour moi. Il me témoignait une grande confiance, voyant avec plaisir mes rapports familiers avec le roi Victor-Emmanuel. Il savait que je n’userais jamais de mon influence sur ce souverain que pour être utile à une politique de sagesse et de modération en disant toujours la vérité au roi. « Arrivé au ministère par dévouement plus que par goût et par ambition, a dit très justement de lui M. de Mazade, il restait au pouvoir le galant homme à la nature généreuse et séduisante, à l’esprit aimable et fin, courageux devant le danger, un peu inactif devant les difficultés de tous les jours, et prompt à se fatiguer des affaires… Par des considérations de diplomatie, par des raisons de caractère personnel, il avait de la peine à prendre son parti d’une rup-