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MES SOUVENIRS

son nom se rattachassent des espérances en Italie et des craintes en Autriche. Il était cependant bien résolu à conclure la paix, ainsi qu’il l’écrivait le 21 mai 1849 à un ami :

« J’ai refusé longtemps parce que, moi entrant au ministère des affaires étrangères au moment des négociations pour une paix avec l’Autriche, cela me faisait un drôle d’effet, et je supposais que cela devait en faire un plus drôle encore aux puissances amies et ennemies. Mais les intérêts de la tranquillité intérieure l’ont emporté. On se méfiait — à tort, je vous assure, — de mon honorable prédécesseur qu’on jugeait un vrai codino, un rétrograde, etc., et le parti anarchique semait l’inquiétude et le mécontentement partout, et sous cette impression nous étions menacés de troubles peut-être, et sans nul doute d’élections rouges. J’ai dû me convaincre qu’il fallait s’exécuter, et me voilà président du conseil.

« Pendant que je reste au ministère, je fais de mon mieux à l’intérieur comme à l’extérieur. Je m’efforce de mettre tous les ressorts en état de fonctionner. Mais j’ai entre les mains une machine bien détraquée. On ferme les clubs, on fait la guerre à notre détestable presse, demain on fusillera probablement le général Bamorino. Je tâche de mettre la discipline partout, et comme je ne prétends ni me préparer le