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MES SOUVENIRS

ses idées économiques inquiéta dans les premiers temps les esprits étroits et les ignorants, mais la faveur populaire lui revint bien vite quand, son rôle grandissant, on vit ses rares facultés se déployer dans la direction des affaires étrangères.

Le conflit avec la cour de Rome s’était aggravé ; les têtes étaient très montées dans tous les partis. On reprochait amèrement à Massimo d’Azeglio d’avoir proposé la loi Siccardi sans s’être mis préalablement d’accord avec le Pape. Il répondait avec sa loyauté habituelle : « Les négociations commencées en 1847 aboutirent à un contre-projet qui démontra l’impossibilité de s’entendre… Assurément, ce contre-projet à la main, nous pouvions répondre victorieusement et dire : Nous ne traitons pas parce que la cour de Rome rend tout traité impossible. Mais nous aurions porté un terrible coup aux sentiments religieux du pays ; car c’est un triste document qui prouve une ténacité d’intérêts temporels et un aveuglement incroyables ; et nous avons préféré le silence. Voilà le mot de l’énigme : Dieu m’est témoin de l’entière sincérité de nos intentions.

« Du reste, en fait d’aveuglement, Rome a atteint désormais les limites du possible. Vous avez vu ce pauvre pays au temps où le sentiment religieux, étouffé sous de longues années d’un affreux gouver-