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CHAPITRE TREIZIÈME

nement, renaissait avec l’espérance d’un meilleur avenir. Eh bien ! à cette heure le gouvernement est pire que sous Grégoire xvi ; c’est la vendetta pretina dans sa plus fâcheuse expression. Un évêque de mes amis, revenu de Rome, me disait qu’un dimanche il célébrait la messe à dix heures à Saint Andrea della Valle, et qu’il n’y avait pas douze personnes dans cette grande église. Le bas peuple surtout n’a plus que haine dans le cœur. Tout cela est triste, bien triste, mais on devait s’y attendre.

« Chez nous par contre personne n’est forcé d’aller à confesse, ni à communier, et pourtant les églises sont pleines ; le jubilé, au dire du Pape lui-même, s’est fait à son entière satisfaction. Il paraîtrait donc que ce n’est pas l’égalité devant la loi (des prêtres comme des autres citoyens) qui altère le sentiment religieux ; mais bien plutôt les privilèges et les illégalités. »

Il était question de mise en interdit, d’excommunication, menaces qui heureusement ne se réalisèrent pas.

L’émotion était très vive dans le monde catholique. J’en eus la preuve par les lettres que m’écrivaient des personnages éminents de France et d’Italie : le duc de Dino, le marquis Costa de Beauregard, père de l’académicien actuel, qui critiquaient vive-