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MES SOUVENIRS

L’octroi d’une constitution était à peu près décidé dans l’esprit du Roi ; on hésita longtemps entre la constitution espagnole et la constitution française. Pendant ce temps, les événements s’aggravèrent, et dans la nuit du 12 au 13 mars Victor-Emmanuel Ier, qui était personnellement aimé et respecté, se décida à abdiquer. Son successeur, le duc de Genevois, troisième fils de Victor-Amédée III, étant à Modène auprès du roi de Naples, son beau-père, qui avait quitté ses États où une armée autrichienne devait le rétablir quelques semaines plus tard, le roi nomma avant d’abdiquer le prince de Carignan régent du royaume avec tous les pouvoirs royaux. L’insurrection de quelques régiments, la fidélité incertaine de beaucoup d’autres, l’horreur de mettre aux prises ses propres troupes les unes contre les autres, la conviction qu’en acceptant une constitution quelconque malgré sa répugnance il ne verrait pas moins l’étranger envahir son pays, ont été les causes déterminantes de cette abdication.

Placé auprès du roi qu’il n’avait pas quitté un instant, contenant autant qu’il le pouvait les régiments en ne leur parlant que de fidélité et d’obéissance, le prince de Carignan, tout en conseillant d’accorder une constitution, avait fait de sincères efforts pour les ramener au devoir. Sa position n’en