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CHAPITRE SEIZIÈME

l’hôtel Trombetta. J’avais été dans ma jeunesse présenté au prince à Paris, et à Naples à la duchesse avant son mariage. Je me rendis dans la soirée, en sortant de dîner avec d’Azeglio à l’hôtel Trombetta où nous nous réunissions tous les jours, chez le duc d’Aumale qui me fit le meilleur accueil : il me présenta à la duchesse qui était assise dans un fauteuil auprès d’une petite table éclairée par une seule bougie. Quoiqu’ils eussent le plus bel appartement de l’hôtel, il y avait loin de là à la pompe des réceptions des Tuileries où j’avais vu le prince entouré de tout ce qu’il y avait en France d’hommes distingués. Le duc s’assit à côté de sa femme et, en appuyant le coude sur le fauteuil qu’elle occupait, il me dit qu’il se rendait à Naples pour aller voir la famille de la duchesse. Nous causâmes un peu politique : je remarquai qu’il évita de parler de ses frères et de son désir de rentrer en France. Il me dit qu’il croyait que l’état actuel des choses durerait quelque temps encore et qu’il ne croyait pas à un mouvement prochain. « Si j’étais rouge, ajouta-t-il, je ne descendrais pas dans la rue : ce parti ne pourrait qu’y perdre. L’armée ferait assurément son devoir, mais si jamais les doctrines socialistes y pénétraient, elle tomberait bien vite en dissolution. Jamais les soldats ne consentiraient à servir sous les ordres de