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CHAPITRE TROISIÈME

Waldburg-Truchsess, dont il n’oubliait pas la généreuse intervention en sa faveur, avait pris sous sa protection les malheureux Vaudois, faisant appel aux protestants de Prusse et d’Angleterre pour soutenir les églises, les écoles et les hôpitaux des vallées vaudoises. Il obtint de Charles-Albert un adoucissement de leur sort, prélude d’une émancipation plus complète.

De la vie la plus régulière, Charles-Albert consacrait aux affaires de son royaume de six à sept heures par jour, se levant l’hiver bien avant le jour et se contentant d’une courte promenade à cheval dans les jardins du Palais, lisant, écrivant, aimant à faire le bien, sans compter sur la reconnaissance, car il avait une triste idée des hommes en général, et pardonnant à ceux de ses adversaires qui avaient cherché à lui faire du mal aux époques difficiles de sa vie.

Ses liens de famille le plaçaient quelquefois dans une situation délicate. Sa sœur avait épousé l’archiduc Renier, vice-roi autrichien de Lombardie. Cette princesse fort coquette et légère donnait des marques d’intérêt très vif à un de ses chambellans, le marquis d’Adda. Elle avait deux filles qu’elle conduisit en Piémont pour négocier un mariage avec Victor-Emmanuel, fils aîné de Charles-Albert. L’une d’elles, l’archiduchesse Adélaïde, plut au jeune