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MES SOUVENIRS

Charles-Albert n’avait pas voulu devenir le gendre de la reine Marie-Thérèse qui passait pour ambitieuse et altière ; il avait mieux aimé épouser la fille du grand-duc de Toscane, quoiqu’elle fût beaucoup moins belle. Ce fut pour la reine Marie-Thérèse une déception et une humiliation qu’elle ne pardonna jamais à la princesse de Carignan, traitée par elle à sa cour avec une hauteur tout à fait cruelle.

Le souvenir de cette rivalité rendait le séjour de la cour de Turin très pénible pour la princesse Christine, à qui l’extrême tendresse de sa mère avait donné une grande indépendance et un caractère très décidé. Elle demanda à être autorisée à vivre à part. Charles-Albert y consentit par respect pour son deuil. Peu après le jeune roi de Naples, Ferdinand II, fit faire au roi de Sardaigne des ouvertures en vue d’un mariage avec la princesse Christine qui les repoussa. Mais peu à peu, sur les conseils de sa sœur, la duchesse de Modène, près de laquelle elle avait passé quelque temps, désireuse de quitter la cour de Turin et ne pouvant obtenir l’autorisation d’avoir dans une autre ville un établissement séparé, elle finit par céder. Quoique ce mariage fût très brillant, la princesse restait triste et très réservée. Son deuil ayant pris fin, la cour se rendit à Gênes au mois de novembre 1832 pour recevoir le roi de