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CHAPITRE TROISIÈME

Naples et célébrer le mariage. Celui-ci s’était fait précéder par la cour de la future reine, composée de la dame d’honneur, la duchesse de Sangro, femme déjà d’un certain âge, et de deux dames du Palais, la duchesse d’Ascoli et la jeune et charmante comtesse de Sangro, belle-fille de la dame d’honneur. La duchesse d’Ascoli passait pour être très bien, trop bien avec le roi de Naples. La première entrevue eut lieu en présence de Charles-Albert. La princesse ne prononça pas une parole et ne répondit même pas au jeune roi qui avec la liberté d’allure des Napolitains l’accosta tout à fait sans façons, comme s’ils s’étaient toujours vus. Après un quart d’heure, il se retira fort étonné et mécontent. Lorsqu’il fut parti, la princesse fondit en larmes, déclarant qu’il lui serait impossible d’épouser un homme de façons aussi vulgaires et dont l’extérieur colossal lui déplaisait au point de lui inspirer une véritable aversion. Le roi Charles-Albert assista froidement à cette scène de désespoir qu’il interrompit en disant à la princesse :

« Je regrette, Madame, que vous n’ayez pas fait vos réflexions auparavant. Les filles de roi, vous le savez, ne sont pas destinées à faire des mariages d’inclination. Vous m’avez laissé donner ma parole de roi à un autre roi qui est venu ici à la face de l’Europe, comptant avec raison sur ma loyauté. Je ne puis lui