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CHAPITRE TROISIÈME

l’entourait. Le jour du mariage arrivé, elle dit que, sa mère étant morte à Gênes, elle n’aurait pas le courage de se marier dans cette ville ; elle choisit pour la cérémonie l’église d’un sanctuaire situé à une lieue de Gênes. Le matin, son fiancé lui envoya de magnifiques bijoux qu’elle ne regarda même pas. Elle se laissa parer comme une victime qu’on mène au sacrifice ; elle était comme une statue indifférente à tout, ne levant pas les yeux sur son miroir. Elle parut ainsi derrière la reine, pâle comme une morte, mais belle comme un ange.

Le jeune roi s’approcha d’elle avec son sans-façon habituel pour lui prendre la main. Tout le monde la vit frissonner, mais elle ne retira pas sa main et elle se laissa conduire par lui au bas de l’escalier pour monter en voiture. On arriva à l’église où la cérémonie se passa bien. La princesse répondit : Oui, d’une voix ferme, son maintien était ce qu’il devait être, digne et recueilli. On remonta en voiture pour retourner à Gênes : les reines Marie-Christine, veuve de Charles-Félix ; Marie-Thérèse et Christine avec le roi de Naples, dans la première voiture. Dans la seconde, le roi Charles-Albert, la duchesse de Sangro, le comte de Robilant et le prince Schilla, grand maître de la cour de Naples. La jeune reine semblait avoir complètement changé, non seulement