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CHAPITRE CINQUIÈME

fait rien : passez-m’en un autre ! » Et la cérémonie continua comme si rien n’était arrivé.

Je sortis pour la première fois le 22 janvier 1853, faisant en voiture par un beau soleil, bien enveloppé de fourrures, une promenade sur la Perspective. Le spectacle de ces milliers de traîneaux et de voitures qui s’entre-croisent avec une rapidité extrême est très intéressant. Je voyais de loin tout ce monde mettre pied à terre et se promener au grand soleil, si rare en Russie à cette époque de l’année.

Le 29, je pus assister au bal donné à l’ambassade d’Angleterre, y danser et rester jusqu’à deux heures du matin. J’étais donc bien rétabli les yeux seulement me faisaient un peu souffrir aux grandes lumières.

L’hiver était des plus brillants à Saint-Pétersbourg. Le 3 février, j’assistai chez Mme Apraxine à un très beau bal auquel se trouvaient tous les grands-ducs, le Tzarewitch et sa femme, la grande-duchesse Constantin, les grands-ducs Nicolas et Michel, la grande-duchesse Hélène et la grande-duchesse de Mecklembourg, sœur de l’Impératrice. J’y vis pour la première fois le fils de Schamyl, jeune homme de vingt-deux à vingt-quatre ans, fait prisonnier dans son enfance en 1835 ou en 1836 et gardé comme otage par l’Empereur qui l’avait fait élever à l’école des cadets. Il était devenu officier russe, tandis que