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CHAPITRE CINQUIÈME

Les préoccupations mondaines tenaient une grande place à la cour. La comtesse Woronzow, femme du grand maître des cérémonies, faisait jouer chez elle la comédie. On m’offrit dans une des pièces un rôle que j’acceptai. La princesse Paskiévitch, fille de la comtesse Woronzow, qui avait épousé le fils du prince Paskiévitch, grand maréchal vice-roi de Pologne, et la princesse Hémène Galitzin, jouaient dans la même pièce que moi. Les répétitions devinrent une occupation très absorbante, difficile à concilier avec mes travaux et mes devoirs officiels. Le général de Castelbajac donna le 8 février un grand bal, auquel se rendirent le grand-duc héritier et ses trois frères les grands-ducs Constantin, Nicolas et Michel.

Pendant ce temps, le prince Menschikoff, ministre de la marine, partait pour Constantinople porter à la Turquie l’ultimatum d’où devait sortir la guerre d’Orient.

Au commencement de janvier, l’empereur Nicolas avait eu avec l’ambassadeur d’Angleterre une conversation dont les conséquences furent des plus graves. C’était pendant une soirée chez la grande-duchesse Hélène. L’empereur Nicolas, avec l’air affable et même familier qu’il savait prendre quand il voulait gagner quelqu’un, lui dit : « Nous avons sur les bras un homme bien malade ; il serait bon de