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MES SOUVENIRS

verte des malversations du caissier des invalides de l’année, nommé Polikowsky, qui s’empoisonna pour éviter le châtiment qui l’attendait. La vérification de ses comptes établit qu’en six années — depuis 1847 — il avait voté plus de cinq millions. L’Empereur ordonna d’enlever les décorations placées sur son catafalque et fit mettre le séquestre sur ses biens. Plusieurs généraux s’étant trouvés compromis, il les fit juger par une commission militaire sous la présidence du grand maréchal prince Paskiévitch. Peu à peu cependant on parvint à l’apaiser : ils n’étaient, disait-on, coupables que de négligence. Le général Ouchakoff, âgé de plus de soixante-douze ans, président de la commission, fut seul rayé des contrôles de l’armée.

Un riche financier, nommé Jakoblef, dont la fortune s’élevait à quatre-vingts millions, donna quatre millions de roubles pour combler le déficit.

Le mécontentement et la défiance de l’Empereur persistèrent néanmoins. À une séance d’une commission de travaux publics qu’il présidait, il fut constaté que des sommes dues depuis longtemps n’étaient pas payées. Il s’écria avec colère : « Je ne puis plus avoir confiance en personne. Dieu sait si la chaise sur laquelle je m’assieds m’appartient ! »

Des détournements ayant été commis au minis-