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MES SOUVENIRS

duchesse héritière, ma petite vérole et ma guérison fournissant à chacun un sujet de conversation tout trouvé.

Quelques jours après, j’ai été présenté au grand-duc Constantin, frère cadet du Tzarewitch, généralement peu aimé. Il passait pour être très ambitieux ; c’était un prince laborieux et instruit, mais qui ne se livrait pas. Il avait à peine douze ans que, entendant un jour son frère dire combien il était difficile de gouverner un peuple et de remplir toutes les obligations d’un empereur : « Eh bien ! s’écria-t-il, abdique en ma faveur, quand tu en seras là, et je me charge de gouverner à ta place. » L’empereur Nicolas, ayant appris ce propos, le punit sévèrement.

Ce prince me demanda des nouvelles du général de Lamoricière, ce qui n’était guère à sa place lors de la présentation officielle d’un membre de l’ambassade française. Je lui répondis qu’il se portait comme on pouvait le faire en exil. La grande-duchesse Constantin était forte, jolie, d’une belle prestance. Malheureusement elle était atteinte d’une maladie du larynx dont elle ne pouvait se guérir dans ce climat rigoureux, ce qui lui donnait un continuel enrouement.

Pour clore cette série de présentations, j’ai été reçu par le grand-duc de Mecklembourg, qui a