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CHAPITRE SIXIÈME

englouties. La rupture des glaces est annoncée par un coup de canon tiré de la citadelle. Les glaces du lac Ladoga descendent également par la Newa huit jours plus tard ; pendant ce temps le froid est intense le long des quais. Les Russes ne quittent leurs vêtements chauds qu’après le passage des glaçons du lac Ladoga. Le spectacle de la débâcle est fort beau. Les glaces glissent rapidement, quelquefois elles s’entassent les unes sur les autres et forment des pyramides étincelantes au soleil. Les balcons sont couverts de curieux, et il y a foule sur les quais pour assister à ce spectacle. Le jour où les premiers bateaux peuvent circuler sur la Newa après la débâcle, le gouverneur de la citadelle, entouré de bateaux pavoisés, sort de la forteresse et se dirige vers le palais impérial, où il présente une coupe de l’eau de la Newa à l’Empereur, qui la boit au bruit du canon.

Le jour de la pâque russe, le 1er mai, je fus exceptionnellement autorisé à assister à la messe de minuit dans la chapelle du palais ; l’Empereur avait bien voulu m’accorder cette autorisation sur la demande du comte Woronzow.

Dès dix heures du soir je m’étais présenté à l’hôtel Woronzow, qui touche à l’Ermitage, un des palais composant le palais d’Hiver. J’y trouvai un prêtre