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MES SOUVENIRS

occupé à bénir d’énormes pièces de boucherie, agneaux, cochons de lait, jambons et des salières pleines de sel noirci au feu, devant figurer au repas de Pâques.

À minuit, j’arrivai au palais impérial. Les salons étaient remplis de chambellans, de généraux, de demoiselles d’honneur en costumes russes. Je fus placé à la grille du chœur, derrière le comte de Nesselrode et le maréchal Paskiévitch. Cette cérémonie dans une chapelle dorée et étincelante de lumières n’a pas duré moins de trois heures ; les chœurs étaient magnifiques.

L’Empereur embrasse deux fois plus de mille personnes qui défilent devant lui, d’abord les prêtres qui portent les évangiles et les saintes images. Ces mêmes prêtres furent embrassés par les grandes-duchesses en robe de cour rosée, avec le grand cordon de Sainte-Catherine et ayant sur la tête un bonnet russe couvert de diamants.

L’Impératrice, qui était souffrante, et la grande-duchesse héritière, qui était enceinte, restèrent incognito dans une petite tribune où on les apercevait à merveille. Lee vétérans ont clos le défilé, embrassant l’Empereur trois fois et le secouant avec vivacité dans l’ardeur de leur affection. Parmi eux était un petit fifre âgé de dix ans ; il fallut que l’Empereur