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CHAPITRE SEPTIÈME

fication de bon ami qui lui avait été donnée par le Tzar lors de son avènement. Je lui répétai ce que m’avait dit le chancelier, M. de Nesselrode, ainsi que M. de Séniavine qui était, en cas d’absence ou d’empêchement, le remplaçant de M. de Nesselrode :

« L’Empereur n’a pas à se blesser de cette formule. Mon souverain nous a bien dit de vous faire connaître la haute estime qu’il a pour l’empereur des Français. — C’est Dieu, dit-il, qui donne les frères, et c’est nous qui choisissons nos amis. Il vaut mieux avoir un bon ami qu’un faux frère. »

Napoléon III paraissait préoccupé. « C’est une manière polie et très diplomatique d’expliquer un mauvais procédé, » me dit-il.

En causant, nous étions arrivés à une petite porte du parc du côté de Villeneuve-l’Étang. L’Empereur prit une clef dans sa poche pour sortir. Mais les deux aides de camp, Edgar Ney et Valabrègue, s’approchèrent et le supplièrent respectueusement de n’en rien faire. La nuit approchait, et on pouvait redouter une mauvaise rencontre. Il y avait au delà des murs, dirent les deux officiers, un grand nombre de braconniers de la pire espèce.

L’Empereur répondit en souriant qu’il était tard et qu’il voulait bien rentrer, mais que toutes les pré-