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MES SOUVENIRS

cautions étaient bien vaines pour conserver la vie des hommes. « Si mon heure était venue, fussé-je dans une cave, on pourrait m’atteindre en tirant sur moi par un soupirail ; nous sommes tous dans les mains de Dieu ! »

Je n’oublierai jamais ces simples paroles de l’Empereur prononcées gravement et avec un accent si sincère de pieuse conviction chrétienne.

Cette scène vraiment dramatique à la tombée du jour, se passant dans cette belle allée du parc de Saint-Cloud où tout a été détruit plus tard par la guerre, revient souvent à mon esprit comme un mauvais rêve.

Depuis mon dernier séjour il s’était produit un grand événement qui avait occupé toute l’Europe Napoléon III avait épousé Mlle Eugénie de Montijo, comtesse de Teba, déclarant qu’il n’était pas d’humeur à attendre pour se marier le bon plaisir des autres souverains.

J’avais beaucoup entendu parler de Mlle de Montijo par Aloys de Rayneval et par Gaston de Castelbajac. Aloys de Rayneval l’avait connue tout enfant à Madrid pendant que son père y était ambassadeur. Ils jouaient ensemble dans les allées du parc d’Aranjuez. Elle n’avait qu’une sœur, mariée au duc d’Albe. Quelques mois avant son mariage avec