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MES SOUVENIRS

de la belle et si respectable reine Marie-Adélaïde, elle ne craignait pas de dire : « Il ne me faudra que six mois pour prendre sa place. » Ce propos, révélant l’ambition de la Vercellana, démontre que, si le Roi n’en était pas complice, il n’avait rien fait non plus pour la décourager. Néanmoins personne ne croit ici qu’il soit disposé à la seconder jusqu’au point de contracter avec elle un mariage même morganatique. Pour assurer l’avenir des deux enfants qu’il a eus d’elle, il lui a acheté, il est vrai, une maison de campagne nommée Millefiori, située sur la route de Stupinis, et une maison à Turin. Le bruit du mariage de cette femme avec un employé du gouvernement avait même couru il y a quelques mois ; on est persuadé que le Roi serait heureux de s’en débarrasser en la mariant. Malheureusement il n’en est pas encore tout à fait ainsi, car, bien que depuis la mort des deux reines il semble par moments rougir de conserver les mêmes relations avec sa maîtresse, il n’est pas moins assidu auprès d’elle et ne lui témoigne pas moins d’affection.

« L’éloignement dans lequel le Roi se tient des affaires, bien qu’à chaque instant on lise dans les journaux qu’il a présidé le conseil des ministres, est d’autant plus déplorable que l’intervention de son autorité souveraine pourrait guérir immédiatement