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CHAPITRE NEUVIÈME

nos nationaux. Aussi nos agents sont-ils continuellement assaillis de plaintes et doivent-ils à chaque instant s’interposer auprès du gouvernement pour obtenir justice.

« Un ancien ministre de ce pays, à qui je témoignais mon étonnement d’un tel état de choses, me répondit par des observations que je demande la permission de répéter à Votre Majesté. — Votre gouvernement, me disait-il, s’est attaché à dompter la révolution ; le nôtre, au contraire, la suit et la seconde. La diversité des principes qui existe entre eux a naturellement produit l’opposition dans les sentiments. Le parti libéral ne vous aime pas parce qu’il vous craint, le parti rétrograde se méfie de vous et place dans l’Autriche seule toute sa confiance. Quant à l’accession de la Sardaigne au traité d’alliance, tenez pour certain que les ministres y ont consenti non parce que vous étiez, mais bien quoique vous fussiez l’une des parties contractantes. D’ailleurs, cette accession a rencontré peu de sympathie dans les masses, qui ne comprennent point le but de la guerre et qui craignent surtout qu’elle n’amène un nouvel accroissement d’impôts. Dans les classes éclairées les avis étaient partagés, mais en général ils étaient contraires à l’accession. On se demandait s’il ne valait pas mieux, même au point de vue des intérêts de la France, attendre que