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MES SOUVENIRS

l’Autriche se fut prononcée et laisser l’armée sarde intacte chez elle tant que cette puissance aurait tenu la même conduite équivoque. On se disait aussi que l’accession du Piémont au traité d’alliance pourrait avoir pour effet d’en éloigner le cabinet de Vienne au moment même où l’on avait le plus d’espoir de l’y faire entrer. Ce qui est certain, c’est que l’Autriche a aujourd’hui un prétexte de plus pour ne pas s’unir à vous ; c’est sa répugnance naturelle à combattre côte à côte avec une armée qu’elle sait avoir été formée contre elle et à voir se mêler aux négociations de ses plénipotentiaires les envoyés d’un roi qui convoite les plus belles de ses provinces et dont le voisinage l’oblige, bien plus que la crainte d’une révolte, à entretenir à grands frais dans le royaume lombardo-vénitien une grosse armée presque toujours sur le pied de guerre. Ne croyez pas cependant que vous n’ayez pas aussi votre parti en Piémont. Ce pays a gardé précieusement le souvenir de votre administration quand il vous appartenait, et encore aujourd’hui il n’est pas rare, chez le peuple, d’entendre dire avec un ton de regret : Du temps des Français les choses allaient bien autrement. L’italianisme n’a point pénétré dans les masses, et, si l’occasion s’en présentait soyez sûr qu’elles se jetteraient avec empressement dans vos bras. On