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CHAPITRE DIXIÈME

fleurs. Les drapeaux étaient hachés par les projectiles. Les rues et les boulevards étaient pavoisés des drapeaux réunis de France, d’Angleterre, de Sardaigne et de Turquie. L’excellent maréchal Canrobert se faisait remarquer par une grande affectation de saluts à la foule. Son ambassade de Suède lui avait, paraît-il, tourné un peu la tête. « Je vois, disait-il, que j’étais fait pour être ambassadeur. » Il en avait rapporté un traité dont le prince de Metternich disait spirituellement : « Dans ma longue carrière, j’ai su ce que c’était que des traités offensifs et défensifs, mais j’avoue que je n’avais jamais entendu parler de traités défensifs et offensants. »

L’Empereur et l’Impératrice assistaient an bal donné par lord Cowley pour le duc de Cambridge ; une estrade avait été établie pour eux en face du fauteuil vide de la reine Victoria, portant les armes royales d’Angleterre. Le maréchal Canrobert, toujours excellent et très empressé auprès des dames, les faisait jouer avec ses plaques et ses croix. Sa galanterie affectée paraissait un peu choquante de la part d’un homme de guerre de si haute valeur. On remarquait l’absence au bal de l’ambassade d’Angleterre du prince Napoléon et de son père, le roi Jérôme. Je donnai le bras à une charmante jeune fille anglaise, Mlle Sneed, qui a épousé de-