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CHAPITRE DIXIÈME

le colonel Albédinsky, Levachoff, Gérebsoff, Wasilsiékoff. Le comte Schouvaloff fut chargé de porter le traité de paix à Pétersbourg. La veille de son départ, le baron de Heeckeren m’avait invité à dîner aux Frères provençaux avec lui, le duc d’Albe et quelques Russes. Pendant le dîner, un domestique vint m’apporter un billet de la part de Méry qui dînait au-dessus de nous avec des Anglais il avait écrit sur une feuille de papier : « Je prie le comte de Reiset de remettre ces quatre lignes au comte Schouvaloff.

« Méry.

       Bibentes bibentibus.
Vous avez retrouvé la France fraternelle,
Emportez donc ce mot que prononce Paris :
Sébastopol couvrit d’une gloire éternelle
Ceux qui l’ont défendu, comme ceux qui l’ont pris. »

Nous montâmes tous à l’étage supérieur. Le comte Schouvaloff remercia vivement Méry et lui dit que dans douze jours il remettrait lui-même ces jolis vers à l’empereur Alexandre. On se sépara avec force compliments et poignées de main.

Le désir de la paix était si vif à Paris qu’on en oubliait toutes les convenances. Le voyage du plénipotentiaire russe, — le comte Orloff, — avait été une véritable ovation. Aux réceptions officielles on le reconnaissait à ses décorations et à un portrait de