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MES SOUVENIRS

l’empereur Nicolas dont les diamants étincelaient. Grand, fort, bien pris dans sa taille, aimable et gracieux pour tout le monde, il avait partout le plus grand succès. Son entrée dans la loge de Rothschild à l’Opéra, avec son grand cordon bleu et ses plaques, faisait sensation. La foule se massait dans le couloir pour le voir sortir. Loin d’être embarrassé de cette curiosité du public, il en paraissait extrêmement satisfait.

L’Indépendance belge avait annoncé que j’allais être renvoyé en Russie. Le soir même où cet article était parvenu à Paris, le comte Walewski, chez qui je passais la soirée, me confirma cette nouvelle. « Préparez-vous, me dit-il ; vous partirez dans trois semaines ou un mois. Vous serez d’abord à Pétersbourg chargé d’affaires. Plus tard, lorsque l’Empereur enverra un ambassadeur extraordinaire pour le couronnement, vous serez nomme ministre plénipotentiaire. » L’Empereur, que j’avais rencontré la veille chez la princesse Mathilde, ne m’avait rien dit ; il s’était contenté de me serrer aimablement la main et de me dire en souriant : « Au revoir, à bientôt ! »

Un heureux événement vint quelques jours après donner une autre direction à ma vie. J’avais demandé la main de Mlle Blanche de Sancy de Parabère, fille