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MES SOUVENIRS

même œil par l’Angleterre et la Confédération germanique. Des considérations d’un intérêt majeur dans les Indes ou sur les bords du Rhin retiendraient seules leur penchant à se déclarer contre nous. Toutes ces puissances garderaient au moins l’attitude menaçante de la neutralité, verraient avec un sentiment de jalousie et de crainte nos succès et ne négligeraient rien pour nous empêcher d’en recueillir le fruit. Outre les dangers dont cette neutralité serait remplie pour la France, elle lui ôterait la liberté de ses opérations et l’obligerait à concentrer toute la guerre dans la haute Italie. Par contre, l’Autriche, rassurée sur toutes ses autres frontières, pourrait lancer la majeure partie de ses forces sur la seule partie de son territoire qui pourrait être attaquée. C’est donc seulement dans la haute Italie qu’aurait lieu le duel entre la France et l’Autriche. Dans de telles conditions deux puissances aussi bien armées qu’elles ne sauraient se porter en quelques mois l’une à l’autre des coups décisifs. Avant d’être maîtresse de la haute Italie, la France aurait à remporter une longue série de victoires ; elle aurait à prendre Mantoue, cette Sébastopol autrichienne, Vérone, Peschiera et quelques autres places de moindre importance. Tout cela exigerait sans doute les constants efforts de plusieurs années pendant