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CHAPITRE DOUZIÈME

lesquelles les provinces lombardo-vénitiennes auraient certainement été ravagées en tous sens et épuisées de toutes manières. Le premier résultat de la guerre serait donc de ruiner entièrement le paya même qu’il s’agissait surtout de délivrer.

« D’un autre côté, si par les armes seulement l’Autriche était définitivement chassée de ses provinces italiennes, à qui les donnerait-on ? Que ferait-on à Florence, à Rome, à Naples ? Sur quelles bases constituerait-on la nationalité italienne ? Comme ces questions sont brûlantes ! Comme leur solution est hérissée de difficultés de tout genre ! Après avoir fait d’immenses sacrifices pour l’Italie, la France ne s’y trouverait-elle pas, quand il s’agirait de l’organiser, en opposition avec le Piémont, avec les populations, avec tel ou tel parti qui dominerait l’opinion dans le moment ? Ne verrait-elle pas contrecarrer avec acharnement, et au dedans et au dehors, les mesures par lesquelles elle voudrait asseoir sur des bases solides et durables l’avenir de l’Italie ? Il lui faudrait alors compter avec les susceptibilités et les jalousies de toute l’Europe, et peut-être leur abandonner tout le fruit de ses victoires pour ne pas amener une conflagration générale. La réunion d’un congrès pour régler les affaires d’Italie deviendrait alors inévitable, et la