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CHAPITRE DOUZIÈME

ment serait un résultat magnifique et fécond en résultats encore plus importants dans un prochain avenir, mais que peut-être, pour le moment, ce serait la solution à préférer. En politique je crois que la marche la plus sûre est de faire une chose à la fois. L’Italie, en ce moment, ressemble à un homme qui a été longtemps malade et enchaîné. Vous ne pouvez pas dire à ces hommes-là : « Voici un cheval et des armes, monte dessus et bats-toi. » Ils vous répondront : « Mais je meurs de faim, mes membres sont engourdis, mon bras est sans vigueur ! » et ils auront raison. Dieu sait si je plains les Lombardo-Vénitiens du fond de mon âme, mais pour eux comme pour tous il s’agit de bien faire et non de faire vite. Il s’agit de remettre un peu de sang dans les veines de cette pauvre nation exténuée, afin qu’elle ait la force de concourir, elle aussi, à sa régénération. À quoi bon la rendre indépendante d’un coup, si elle n’a pas les qualités nécessaires pour défendre et garder son indépendance ? À ce propos, je dois pourtant vous dire qu’il y a un immense progrès en Italie. Je l’ai constaté. Partout j’ai rencontré abdication entière des partis devant l’idée nationale ; disposition aux sacrifices partiels ; on est résolu à souffrir et à attendre. Si on voit que sérieusement on met la main à l’œuvre, on n’aura point la prétention que la besogne s’achève d’un seul coup. Ceux qui n’auraient