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MES SOUVENIRS

sant avec grandeur toutes les attributions de la souveraineté. D’après les bruits de la cour, contrairement aux habitudes de l’Empereur qui écoutait beaucoup et qui restait toujours calme et froid, l’Impératrice se laissait entraîner un peu trop à une volubilité de paroles toute féminine. Il ne manquait pas de ministres qui, en bons courtisans, applaudissaient à cette éloquence. L’Impératrice montrait une vive intelligence, mais en même temps beaucoup d’esprit de contradiction, n’écoutant pas assez les avis et se laissant emporter par son premier mouvement. Elle était, en un mot, tout l’opposé de l’Empereur. Elle avait cependant de grandes qualités, beaucoup de cœur, de générosité, d’honnêteté native : on sentait qu’elle aurait, à l’occasion, beaucoup de courage. Toujours inspirée des sentiments les plus nobles, elle a pu se tromper, mais elle n’a jamais eu qu’un but : l’honneur et la gloire de la France.

Au début de la guerre, je reçus encore une lettre de d’Azeglio.


« Turin, 1er  juin 1859.
Mon cher Gustave,

« Je vous ai écrit longuement il y a une quinzaine de jours, et je crains que ma lettre ne se soit égarée. N’allez pas croire au moins que je sois devenu exi-