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CHAPITRE DEUXIÈME

quais à combattre l’opinion que l’on se complaisait à avoir de la France et surtout à bien pénétrer les hommes politiques de cette vérité que le Prince Président avait une conscience trop vive, trop profonde de son droit et de sa force pour se croire obligé de rechercher l’approbation ou le consentement des étrangers au sujet des changements qu’il croirait utile de faire dans la forme de son gouvernement, et que du moment qu’il le ferait par un acte quelconque inspiré du sentiment national, il n’aurait jamais de conseil à prendre de personne, ni même de mécontentement à redouter.

En tenant ce langage, je ne me proposais pas de convaincre les Russes de notre force, ils savaient à quoi s’en tenir là-dessus, mais plutôt de leur prouver que nous n’étions aucunement leurs dupes lorsqu’ils voulaient nous faire croire que nous étions faibles, que nous avions des avis à recevoir et dans certaines éventualités les plus grands dangers à courir.

Je n’avais pas encore vu l’Empereur ; il se préparait à se rendre aux grandes manœuvres qui devaient avoir lieu à Tchougougeff, mais, comme tout lui était répété, j’étais certain qu’il connaissait dans quel sens je m’exprimais par la grande-duchesse Marie, duchesse de Leuchtenberg, belle-fille du prince