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MES SOUVENIRS

Eugène de Beauharnais, qui s’intéressait tout particulièrement aux nouvelles destinées de la France.

S’il y avait en Russie un parti qui nous était peu favorable, il en était cependant un autre qui, aimant à voir dans la France le contrepoids du pouvoir absolu, était bien disposé en faveur du Prince Président.

Tout ce qui promettait chez nous un acheminement à un ordre de choses plus assuré était vu par ce parti avec un extrême plaisir. La dernière note du Moniteur, dans laquelle on annonçait que de longtemps il n’y aurait plus de changement dans le cabinet français, avait produit la meilleure impression.

Néanmoins, sous les procédés les plus polis, aussi bien que sous les belles paroles dont on nous berçait, se cachaient en général des dispositions peu sympathiques. Quoique les esprits de Pétersbourg fussent de plus en plus préoccupés des nouvelles qui arrivaient de France, on affectait d’en parler le moins possible, en s’étudiant à cacher les impressions qu’elles produisaient.

Je continuais à me tenir sur une grande réserve. Cependant toutes les fois qu’une occasion favorable se présentait, je cherchais à préparer les esprits à un événement qui semblait devenir chaque jour plus