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MES SOUVENIRS

« Nous reconnaîtrons l’Empire à la condition que les traités de 1815 soient respectés ou ne reçoivent de modification qu’avec notre concours. »

L’accueil que le Prince Président recevait sur ses pas, le discours qu’il avait prononcé à Dijon et les articles du Moniteur produisaient une très grande impression ; cependant on en parlait le moins possible. Ce silence, cette réserve affectés étaient une preuve qu’on y pensait d’autant plus, et ce n’était certainement pas par hasard qu’on avait vu dans le même journal de Pétersbourg, à la suite du discours du Prince, des considérations tirées de l’Indépendance belge dans un sens contraire au rétablissement de l’Empire.

Ayant demandé à M.  de Seniavine, d’une manière incidente, combien de temps passerait à Pétersbourg M.  de Kisselef, il me répondit assez brusquement : « Ah ! cela, je n’en sais rien ! » Cette réplique et l’expression de sa physionomie n’étaient pas encourageantes. J’eus à me plaindre, à l’occasion de la fête du 15 août, de la conduite peu courtoise du gouverneur de Moscou. M.  de Seniavine me répondit qu’il en parlerait à l’Empereur à son retour, tout en répétant de nouveau ce qu’il avait plusieurs fois dit : « Que le 15 août n’était pas le jour de la fête du Prince, puisque, d’après les journaux, il avait le 25