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CHAPITRE DEUXIÈME

Sur ces entrefaites, je reçus du Piémont une lettre de Massimo d’Azeglio, me priant de sonder le terrain en vue du rétablissement des relations diplomatiques rompues entre la Russie et le Piémont. Les ouvertures que je fis en ce temps m’amenèrent à constater que le moment n’était pas propice pour la réalisation de ce désir.

Le prince Auguste de Wurtemberg me fit inviter par son aide de camp à venir chasser avec lui dans le parc de sa sœur, la grande-duchesse Hélène, à Ortanienbaum. Je dus arriver la veille en partant de Saint-Pétersbourg à six heures du soir par le bateau à vapeur conduisant à Peterhof, puis de là me faire conduire dans une petite voiture en trois quarts d’heure au château de la grande-duchesse. Quand j’y arrivai, le prince chassait encore ; on m’avait réservé un appartement charmant, composé de deux petits salons et d’une chambre au rez-de-chaussée. De ce pavillon, bâti par Pierre le Grand, on a une belle vue sur Cronstadt et sur la mer. Ce domaine a appartenu à Menschikoff, le favori de Pierre le Grand, mais fit retour à la couronne, lorsque celui-ci fut envoyé en Sibérie. La soirée était admirable, le ciel et la mer reflétant une teinte rosée d’une délicatesse extrême il faisait assez jour – le 20 août – pour lire facilement dehors à neuf heures du soir. Je me promenai