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MES SOUVENIRS

dans le parc avec l’aide de camp du prince, le baron de Gager, dont la famille est des environs de Cologne, et avec le général de Krüdner, grand maître de la maison de la grande-duchesse. Le baron de Gager me dit que l’empereur Napoléon l’avait nommé page un peu avant sa chute.

Le prince Auguste revint de la chasse à neuf heures et demie, et l’on se mit à souper fort gaiement pour se retirer à onze heures du soir ; on devait partir pour la chasse à deux heures du matin. La nuit fut courte ; à l’heure dite on partit, après avoir pris à la hâte un peu de café. Nous montâmes en voiture dans un droshki, le prince, son aide de camp et moi, pendant que les chasseurs et les chiens partaient en avant. En route, un général russe, invité par le prince, se joignit à nous avec sa voiture. Nous nous arrêtâmes à une auberge, sorte de chalet en bois, appartenant à un Finnois, qui nous offrit à boire du kvasse, boisson fermentée faite avec de la farine. C’est une sorte de cidre très aigre qu’on ne peut boire qu’en grinçant les dents et auquel je préfère beaucoup une autre boisson russe, l’hydromel, la fameuse liqueur que les preux chevaliers buvaient du temps des croisades.

Nous chassâmes, tantôt à pied, tantôt à cheval, pendant dix-neuf heures, enfonçant souvent dans des bruyères et dans des mousses que l’on ne peut