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MES SOUVENIRS

d’aptitude naturelle pour la navigation cet état de choses ne devait pas tarder à s’améliorer avec le temps, beaucoup d’argent et une volonté de fer. L’Empereur voulait, bon gré, mal gré, élever l’effectif des marins, qui était alors de quarante-six mille hommes, à soixante-six mille. Satisfait de l’état de son armée, il était résolu à porter toute son attention sur la marine.

On regardait en Russie le corps des cantonistes (enfants de troupe) comme une excellente institution cependant des personnes compétentes ne partageaient pas cet avis. « Les cantonistes, me disait un officier supérieur, sont trop bien soignés dans leurs établissements pour être plus tard de bons soldats. Leur formation était due au comte Araktchayeft, ancien ministre de la guerre sous l’empereur Alexandre ; son but était d’en faire non pas des sous-officiers et des écrivains de bureau, mais de simples soldats, afin de diminuer le recrutement, charge très lourde pour les campagnes. Il voulait, en un mot, former dans ces écoles une pépinière pour l’armée, de manière que le fils succédât au père. Les congés illimités étaient loin d’avoir de bons résultats. En général, le soldat qui après quinze ans de service retourne dans son village ne veut plus travailler et devient à charge aux paysans. En