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Page:Reland - Institutions du droit mahométan relatives à la guerre sainte, trad. Solvet, 1838.djvu/29

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même qu’il est chargé sur le dos du cheval considéré comme dépouille, enfin l’esclave de l’ennemi.

Ces trois dernières choses font partie de ce qu’on appelle butin et sont partagées entre tous les Combattans.

Cinq circonstances doivent nécessairement se réunir pour donner un droit à la dépouille, il faut :

1° Que le vainqueur soit musulman et qu’il n’ait pas empêché un autre Musulman de tuer l’ennemi qu’il a défait. D’où il suit que d’une part, les Chrétiens et les Juifs, et de l’autre, ceux qui par leurs discours empêchent de faire ce que sans cela on aurait pu faire, c’est-à-dire, ceux qui exaltant trop les forces de l’ennemi, abattent le courage des Musulmans, n’ont aucun droit à la dépouille.

Mais le droit de dépouille appartient même aux enfans, aux insensés, aux esclaves, aux femmes et aux marchands ;

2° Que le vaincu soit en âge de puberté, sain d’esprit, de condition libre, et du sexe masculin. Ainsi, par exemple, si un enfant, un insensé, une femme ou un esclave, non combattans, sont tués par un Musulman, le droit à la dépouille n’existe pas au profit de ce dernier ; mais il existe, au contraire, s’ils ont combattu ;

3° Que l’adversaire soit tué ou du moins mis hors de combat, comme lorsqu’il est pris, qu’il a les yeux crevés, qu’il est gravement blessé, qu’il a le pied ou la main coupés. Si plusieurs soldats ensemble ont tué ou blessé un Infidèle, ils partagent entre eux la dépouille ; mais si de deux assaillans, l’un met un ennemi hors de combat et que l’autre le tue, la dépouille appartient au premier ; si au contraire l’un le blesse de manière cependant qu’il puisse encore se défendre et que l’autre le tue, la dépouille appartient au dernier ;

4° Que l’ennemi soit tué dans la chaleur du combat, dans l’action même ; par conséquent si un Musulman tuait un Infidèle dans la poursuite après le combat, il n’aurait pas droit à la dépouille ;

5° Que la défaite et la mort de l’ennemi n’aient pas été sans danger pour le vainqueur ; de sorte que si un Musulman se cachait derrière un mur et qu’il frappât un Infidèle d’un coup de fusil, ou bien s’il tuait un prisonnier, un malade, un homme endormi ou occupé à boire et à manger, il n’aurait aucun droit à la dépouille. Toutefois il n’est pas nécessaire qu’au moment où l’Infidèle est tué, il fasse tête à son adversaire ; car le Musulman peut avoir droit à sa dépouille en le tuant lorsqu’il fuit et qu’il tourne le dos. Il n’est pas nécessaire non plus que le combat ait duré long-tems : En effet