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Page:Reland - Institutions du droit mahométan relatives à la guerre sainte, trad. Solvet, 1838.djvu/33

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en jouissance de la maison qu’il a louée, quoique cette maison soit devenue la propriété des Musulmans.

C’est le Prince ou son lieutenant qui fait le partage du butin, après la distraction des dépouilles au profit des ayant-droit. On prélève d’abord sur la masse et avant tout partage, les frais du transport et le salaire tant des hommes employés à ce transport, que de ceux qui ont pris soin des bêtes de somme et du reste du butin ; ensuite le nafl, c’est-à-dire, les dons extraordinaires destinés aux guerriers qui se sont distingués par des actions d’éclat, soit dans le combat, soit dans l’attaque des retranchemens ennemis, soit dans d’autres occasions, à ceux aussi qui ont été placés dans des postes dangereux, qui les premiers, ont escaladé les murs d’une place, ou découvert un accès facile pour s’en rendre maître. Il faut, cependant, observer que ces récompenses ne sont pas toujours prises sur la masse du butin, propriété commune de tous les combattans, mais quelquefois aussi sur le cinquième dont nous avons déjà parlé et que le Prince doit employer à des dépenses d’utilité générale. Quelquefois encore le trésor public en fait les frais. Enfin on prélève de plus, sur la masse du butin, les largesses que le Prince distribue à sa volonté aux femmes, aux enfans, aux esclaves et aux Infidèles qui ont suivi l’armée, si toutefois ils ont marché à la guerre par son ordre : c’est ce qu’on appelle le rezk. Tel est l’usage chez les Persans, mais les Musulmans de l’Inde en agissent autrement et pensent que le rezk ne peut être pris sur le butin qu’après et non avant sa division en cinq parts. Dans la distribution de ces largesses, on a égard au plus ou moins de service rendu. Ainsi celui qui a combattu obtient plus que celui qui n’a point combattu, le cavalier, que le fantassin, la femme qui soigne les blessés, que le valet chargé d’avoir soin des tentes des soldats.

Tous ces prélèvemens faits, le reste du butin est divisé en cinq parts égales dont l’une pour le Prince, c’est-à-dire, pour les besoins publics, et les quatre autres pour les vainqueurs, nom sous lequel on comprend tous ceux qui se sont présentés au combat dans l’intention de combattre, lors même qu’ils n’auraient pas combattu. Ensuite on prend cinq petits morceaux de papier : sur l’un on écrit : lillahi (à Dieu) ou pour les besoins publics, et sur les quatre autres lilghanimima (aux vainqueurs) : on les roule ; on les renferme dans de petites boules de terre préparées à cet effet, puis ces boules étant séches et mêlées ensemble, l’on en tire successivement une pour chacune des cinq parts du butin. C’est ainsi que le sort désigne la part affectée aux besoins publics.