Page:Reland - Institutions du droit mahométan relatives à la guerre sainte, trad. Solvet, 1838.djvu/7

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projet de l’exhumer pour ainsi dire du recueil assez rare où elle est enfouie au milieu d’autres dissertations savantes et de la traduire en y faisant quelques coupures indispensables pour la débarrasser surtout des textes et des caractères arabes qui lui donnaient une physionomie trop scientifique ; mais des occupations plus sérieuses et d’un autre genre m’avaient fait perdre ce projet de vue. Jeté plus tard par les circonstances sur une terre musulmane, autant porté par goût, qu’obligé par devoir d’étudier les mœurs, les usages, les lois des peuples arabes, la dissertation de Reland sur les institutions militaires des Musulmans m’est revenue naturellement en mémoire et j’ai cru rendre service en consacrant quelques heures de loisir à en faire la traduction. Il m’a semblé qu’elle emprunterait encore un plus grand intérêt de notre situation particulière en Afrique et des hostilités toujours renouvelées dont nous sommes acteurs et témoins ; qu’elle pourrait détruire beaucoup d’idées erronées ; enfin qu’elle contribuerait à faire mieux comprendre les préjugés et le génie des peuples que nous avons à combattre. En effet, s’il est vrai que le tableau des Institutions militaires des Musulmans que Reland nous a exposé se rapporte principalement dans son ensemble aux époques glorieuses de l’Islamisme ; s’il est vrai que quelques unes de ces institutions sont oubliées des Musulmans de l’Afrique, ou plutôt des Musulmans de cette partie de l’Afrique que nous habitons, depuis si long-tems livrée à la barbarie et à l’ignorance, au moins sera-t’on forcé d’avouer que la plupart sont encore suivies par instinct, en quelque sorte, et par tradition, tant le Koran et les lois qui en dérivent ont jeté de profondes racines chez tous les peuples qui ont embrassé la doctrine de Mahomet.

Ch. SOLVET.

Alger, le 14 décembre 1837.