Page:Relation d'une conspiration tramée par les nègres dans l'isle de Saint-Domingue, 1758.djvu/6

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sition d’un remede, qui eſt un ſûr contre-poiſon, & c’est un très grand bien.

Ce qui nous allarme davantage, eſt de voir combien peu ces malheureux ſont touchés du ſort de ceux que l’on exécute, & combien peu leur ſupplice fait d’impreſſion ſur eux. En voici un exemple : entre les Negres exécutés, il s’en eſt trouvé du Limbé ; le maître à qui ils appartenoient a obtenu du Juge que l’exécution se fit ſur le lieu pour contenir les autres. Trois jours après l’exécution, M. de Gondy, commandant comme Officier la garde que les Bourgeois, au nombre de quinze Blancs, montent audit lieu, trois Negres de M. de Gondy trouverent le ſecret de les empoiſonner tous. Comme les vomiſſements ſe déclaroient, on recourut promptement au contre-poiſon & on les a ſauvés ; ces trois Negres ont été arrêtés & ſuppliciés.

Il faut maintenant vous dire comment la Providence eſt venue au ſecours de la Colonie, qui étoit menacée d’une deſtruction totale.

Au mois de décembre dernier le Conſeil étoit aſſemblé pour juger le procès de ſix ou ſept Negres qui étoient arrêtés comme empoiſonneurs. On en condamna quatre au feu, & de ce nombre étoit une jeune Negreſſe qui appartenoit à un habitant de la Souffriere, nommé M. Vatelle : on la réſerva pour être exécutée la derniere.