entierement par la fuite ou par la
mort des Pêcheurs. Déja enfin, ceux
qui n’ont pas eu le moyen de faire
des proviſions, ou qui les ont conſumées,
ſont reduits aux dernieres
extrêmités, ils vivent du jour à la
journée ; Pauvres, ils ne trouvent
rien à gagner ; Riches, ils ne trouvent
rien à acheter, la miſere eſt
auſſi generale que la maladie.
Entrons pour un moment dans ces maiſons affligées : allons voir une de ces malheureuſes victimes de la fureur du mal, & de la barbarie des parens. Il eſt ſequeſtré dans un galetas, ou dans l’apartement le plus reculé de la maiſon, ſans meubles, ſans commodités, couvert de vieux haillons, & de ce qu’on a de plus uſé, ſans autre ſoulagement à ſes maux qu’une cruche d’eau, qu’on a mis en fuyant auprès de ſon lit, & dont il faut qu’il s’abreve lui-même, malgré ſa langueur & ſa foibleſſe, ſouvent obligé de venir chercher ſon boüillon à la porte de la chambre, & de ſe traîner après pour reprendre le lict. Il a beau ſe plaindre & gémir, il n’y a perſonne qui l’écoute,