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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/153

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de la peſte de Marſeille


me, où l’on ne voit le mal gagner d’une maiſon à l’autre, avec autant de rapidité que de fureur.

Déja tous les Domeſtiques, Valets, & Servantes, & tous les Pourvoyeurs ont peri, ou ſont tombés malades ; on ne trouve plus à les remplacer ; les Pauvres, & tous ceux qui loüent leurs œuvres, ont eu le même ſort, & avec eux ont manqué tous les ſecours & tous les ſervices qu’on en retire. S’il en reſte encore quelqu’un, on ſe méfie de ſon état, & on n’oſe pas s’en ſervir. Quel embarras pour les familles, pour celles même que le mal n’a pas encore entamées ? elles attendent que l’extrêmité de la faim, oblige les plus courageux de tous à ſortir, pour aller chercher de quoi ſuſtenter les autres. Déja tous ceux qui vendent les denrées publiques, comme les Boucheres & les Boulangers ſont morts pour la plûpart, & ceux qui reſtent ont devant leur porte une foule de monde ; il faut donc y aller prendre ſes neceſſités, au peril de recevoir quelque impreſſion maligne. Le poiſſon qui pourroit ſupléer au défaut de la viande, manque