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de la peſte de Marſeille


proque, tantôt par de pieuſes affections envers Dieu ; & enfin preſſés par la violence du mal, ils raniment les derniers efforts de leur tendreſſe, & meurent dans la même union, dans laquelle ils ont vécu toute leur vie.

Quelle inquiétude pour celui qui eſt ainſi auprès de pluſieurs malades, dont l’un demande des ſoulagemens à ſes maux, & l’autre un Prêtre pour ſe confeſſer, & qui ne peut lui procurer aucun de ſes ſecours ? Quelle ſollicitude pour donner à celui-là quelque adouciſſement, pour exciter celui-ci à des actes de contrition & d’amour de Dieu, & faire ainſi des fonctions auſquelles on eſt ſi peu accoûtumé, ſur tout quand il faut les continuer juſqu’au dernier moment ? Le pere eſt obligé de contenir ſes larmes, pour ne pas amortir le courage de ſon fils mourant, & la mere agoniſante n’entend pour toute exhortation, que les pleurs & les lamentations d’une fille déſolée. On a vû de ces jeunes enfans, qui la mort ſur les levres, exhortoient leurs parens affligés à la patience & à la reſignation à