la volonté de Dieu ; d’autres refuſer
leurs ſoins & leurs empreſſemens, &
les prier de s’éloigner, de peur de
leur communiquer quelque impreſſion
mortelle. Etrange ſituation, où il
faut voir expirer ſes propres enfans
entre ſes bras, en s’expoſant au même
mal qui les enleve, ou prendre le
cruel parti de les laiſſer mourir ſans
conſolation & ſans ſecours.
On ne ſçait qui eſt plus digne de compaſſion, ou ces familles, qui tombés tout à la fois, meurent preſque tous en même tems ; ou celles que le mal attaque un à un, & enleve de même. Ceux-là éprouvent tout à la fois ce qu’il y a de plus triſte & de plus déſolant dans cette calamité : ceux-ci ne le ſentent que peu à peu, & par une affliction qui eſt d’autant plus cruelle qu’elle eſt plus longue. Les premiers ſouffrent en même tems l’accablement de leur propre mal, l’affliction de celui des autres, la privation de tout ſecours, l’impuiſſance d’en donner à ceux que l’on aime autant que ſoi-même, le chagrin inévitable de les voir expirer à ſes côtés, ſouvent l’aproche d’un cadavre, qui