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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/183

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de la peſte de Marſeille


d’enlever un mort, & de le porter à la ruë ou dans la place la plus prochaine, il demandoit une ſomme extraordinaire, dont peu de familles pouvoient ſuporter la dépenſe. De ces cadavres, les uns étoient nuds & découverts, les autres envelopés dans des draps, dans des couvertures, dans de vieux haillons, ou dans leurs propres habits, & c’étoient ceux que des morts ſubites ou extrêmement promptes avoient ſurpris. Quelques-uns étoient emballés dans leurs matelas, quelquefois liés ſur une planche, qui avoit ſervi à les porter ; & d’autres, mais fort peu, étoient fermés dans de bieres. Il y avoit ſur tout quantité de petits enfans de tout âge ; car il en eſt fort peu reſté, & les Medecins ont remarqué qu’ils avoient toûjours le mal le plus violent. On voyoit des morts qui étoient aſſis & apuyés contre les maiſons, d’autres accoudés ſur une porte, & dans toute ſorte d’attitude, & c’étoient ceux, qui mourant dans les ruës, avoient reſté dans la même ſituation, où la mort les avoit ſurpris. Parmi tant de cadavres épars dans les ruës, combien y