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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/188

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Relation Hiſtorique


nous expoſerons ci-après. Cette infection étoit augmentée par une autre, qui n’étoit pas moins dangereuſe. Il s’étoit répandu une prévention que les Chiens étoient ſuſceptibles de la contagion, par l’attouchement des hardes infectées, & qu’ils pouvoient la communiquer de même. C’en fût aſſez pour faire déclarer une guerre impitoyable à ces animaux : on les chaſſoit de par tout, & chacun tiroit ſur eux ; on en fit auſſi-tôt un maſſacre, qui remplit en peu de jours toutes les ruës de Chiens morts ; on en jetta dans le Port une quantité prodigieuſe, que la mer rejetta ſur les bords, d’où la chaleur du Soleil en élevoit une infection ſi forte, qu’elle faiſoit éviter cet endroit, qui eſt des plus agreables, & le ſeul où l’on pouvoit paſſer librement ; car toutes les autres ruës étoient impraticables, non ſeulement par les malades & les morts qui les couvroient, mais encore par les hardes infectées, & les autres immondices qu’on y jettoit par les fenêtres de toutes les maiſons ; on y trouvoit de tems en tems des amas de hardes, de matelas, & de