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de la peſte de Marſeille


nous-mêmes, de nous faire repaſſer dans l’amertume de nos cœurs toutes les années de nôtre vie, & de nous porter enfin à avoir recours à la miſericorde du Seigneur, dont la main, en s’apeſantiſſant ſi terriblement ſur nous, nous montre en même tems la grace qu’il ne veut accorder qu’à la ſincerité de nôtre pénitence ! Ne s’eſt-il donc pas encore aſſez nettement expliqué par tant de fleaux divers réünis enſembles pour punir le pécheur ? La rareté, la cherté exceſſive de toutes les choſes neceſſaires à la vie : la miſere extrême & generale qui augmente chaque jour ; la peſte enfin la plus vive qui fût jamais, annonce la ruine preſque inévitable de cette grande Ville : une quantité prodigieuſe de familles entieres ſont totalement éteintes par la contagion ; le deüil & les larmes ſont introduites dans toutes les maiſons, un nombre infini de victimes eſt déja immolé dans cette Ville à la juſtice d’un Dieu irrité. Et nous qui ne ſommes peut-être pas moins coupables que ceux de nos Freres, ſur lequel le Seigneur vient d’exercer ſes plus re-

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