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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/192

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Relation Hiſtorique


doutables vengeances, nous pourrions être tranquilles, ne rien craindre pour nous-mêmes, & ne pas faire tous nos efforts, pour tâcher, par nôtre prompte penitence, d’échaper au glaive de l’Ange Deſtructeur ? Sans entrer dans le ſecret de tant de maiſons déſolées par la peſte & par la faim, où l’on ne voyoit que des morts & des mourans, où l’on n’entendoit que des gemiſſemens & des cris, où des cadavres, que l’on n’avoit pû faire enlever, pourriſſant depuis pluſieurs jours auprès de ceux qui n’étoient pas encore morts, & ſouvent dans le même lit, étoient pour ces malheureux un ſuplice plus dur que la mort elle-même, ſans parler de toutes les horreurs qui n’ont pas été publiques : de quels ſpectacles affreux vous & nous, pendant près de quatre mois, n’avons-nous pas été, & ne ſommes-nous pas encore les triſtes témoins ? Nous avons vû ; pourrons-nous jamais, mes très-chers Freres, nous en ſouvenir ſans frémir ? Et les ſiécles futurs pourront-ils y ajoûter foi ? Nous avons vû tout à la fois toutes les ruës de cette vaſte Vil-