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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/194

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Relation Hiſtorique


nous demander en ſuite avec larmes, & dans tous les ſentimens que la foi, la pénitence, la reſignation la plus parfaite peuvent inſpirer, nôtre Benediction & l’Abſolution de leurs pechés ? Combien de fois auſſi n’avons-nous pas eu le ſenſible regret d’en voir expirer quaſi ſous nos yeux faute de ſecours ? Nous avons vû les maris traîner eux-mêmes hors de leurs maiſons & dans les ruës les corps de leur femmes, les femmes ceux de leur maris, les peres ceux de leurs enfans, & les enfans ceux de leur pere, témoignant bien plus d’horreurs pour eux que de regret de les avoir perdus. Nous avons vû les corps de quelques Riches du ſiécle envelopés d’un ſimple drap, mêlés & confondus avec ceux des plus pauvres & des plus mépriſables en apparence, jettés comme eux dans de vils & infames Tomberaux, & traînés avec eux ſans diſtinction à une ſepulture profane hors de l’enceinte de nos murs. Dieu l’ordonnant ainſi, pour faire connoître aux hommes la vanité & le néant des richeſſes de la terre, & des honneurs après leſquels ils courent avec