parens envers leurs enfans y a été
pouſſée au dernier excès de cruauté.
J’y ai vû une jeune fille qu’on avoit
ainſi enfermée dans une étable, &
après avoir bâti la porte qui communiquoit
avec le reſte de la maiſon, on
avoit fait en dehors une petite ouverture
à la muraille, par où on lui
donnoit ſes neceſſités. Cruauté non
moins barbare que ſi on l’avoit enterrée
toute vive. Ceux qui étoient à
découvert, éprouvoient toute la violence
d’une maladie, dont les ſymptomes
irrités, par la chaleur du Soleil,
ou par les impreſſions d’un air
froid, devenoient plus douloureux
& plus accablans. L’état de ceux qui
ſe garantiſſoient du mal n’étoit pas
plus tranquille ; outre les peines infinies
qui leur en coûtoit, pour être
toûjours en garde contre des impreſſions
étrangeres, ils avoient encore
plus à ſouffrir par la diſette, & par
la peine d’aller chercher fort loin
leur commodités ; ils manquoient
même des plus communes, car ils
étoient obligés d’arracher les arbres
pour avoir du bois. Ce Terroir autrefois
ſi agréable a perdu tous ſes plai-
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Relation Hiſtorique
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