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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/252

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Relation Hiſtorique


que la vûë du peril les rebutât, & les obligea à ſe cacher, on n’en trouvoit plus quelque prix qu’on leur offrit, car on les payoit avantageuſement à douze & à quinze francs par jour. Où prendre des gens pour ce dangereux travail, le plus neceſſaire de tous ? La mortalité qui croiſſoit à vûë d’œil le rendoit toûjours plus preſſant : les Magiſtrats s’adreſſent à Mrs. des Galeres, & les prient de leur accorder quelques Forçats pour les faire ſervir de Corbeaux, avec offre de les remplacer, ou d’en indemniſer le Roy ? Heureuſe inſpiration à laquelle nous devons le ſalut de la Ville. On accorde vingt-ſix Forçats, & pour les obliger à ſe livrer à ce travail avec plus de courage, on leur promet la liberté. Il ne falloit pas moins qu’un auſſi puiſſant motif, pour les obliger à s’expoſer à des dangers ſi préſens. En deux jours les vingt-ſix Forçats ſaiſis du mal, ſont hors de ſervice ; on en demande d’autres, & ils ſont accordés avec la même bonté. Bref, depuis le 20. Août juſques au 28. on en donne cent trente trois ; ces gens-là peu adroits, & peu accoûtumés à