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de la peſte de Marſeille


de jours après, & pour lequel elles n’avoient pas plus d’égard que pour le premier. Ces Mariages publiés à la porte de nos Egliſes, ſembloient inſpirer la même fureur à tous les autres. Cette paſſion ſe perpetua, & alla toûjours croiſſant dans les autres mois, enſorte que nous pouvons aſſurer que ſi le terme ordinaire des accouchemens avoit pû être abregé, nous aurions bientôt vû la Ville auſſi peuplée qu’auparavant. Laiſſons decider aux Medecins ſi cette folle paſſion eſt une ſuite de la maladie, tandis que nous chercherons des raiſons plus ſenſibles de ces nouveaux Mariages.

Un nombre infini d’Artiſans & de Gens de toute ſorte d’état étoient reſtés ſans Femme, ſans Famille, ſans Parens, ſans Voiſins. Ils ne ſavoient que devenir : occupez à leur travail ordinaire, ils n’ont pas le temps de ſe préparer les moïens de le ſoûtenir, & de ſe procurer leurs beſoins. Cette raiſon jointe à bien d’autres les met dans la neceſſité de ſe marier. Pluſieurs à qui la miſere & la pauvreté ne permettoient pas auparavant

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